La peur, la haine nous font prendre l'islamisme pour la seule menace. Mais toute menace se nourrit d'autres menaces, de sa part de vérité et du mensonge qui ne menace pas que les islamistes, mais chacun de nous : se prendre pour la seule vérité.
Où est la part de vérité de l'islamisme ? C'est une vérité qui date, d'accord, mais elle se survivra d'autant plus qu'on la niera. Pour trouver cette part de vérité, il faut connaître l'histoire au moins assez pour s'imaginer ce qu'il serait devenu du monde arabe sans l'islam. Il y a de cela maintenant 1393 ans, la science arabe était en passe de développer cette technique qui a fait plus tard la suprématie de l'occident. Sans l'islam et son coup de fièvre religieuse, c'est cette science qui aurait pris le contrôle du monde, à une époque où rien n'aurait pu lui résister. Les islamistes actuels font souvent l'amalgame entre la technique et l'individualisme occidentaux. Et les milliards dépensés dans le monde pour la publicité, pour la manipulation de l'individualité, sont autant de tentatives de faire de cet amalgame une réalité. Mais sans l'islam d'alors, sans ce retour du monde à une barbarie relative, l'individualisme n'aurait pas eu le temps se développer comme il l'a fait les siècles suivants. La technique aurait depuis longtemps transformé les hommes en machine, sans n'avoir plus à dépenser un seul centime pour les manipuler.
C'est une erreur de croire que nous ne devons rien à l'islam. Mais l'erreur des islamistes est de croire qu'il puisse nous sauver une deuxième fois.
A trop avoir peur des islamistes, de leurs attentats et exécutions sommaires, de leur état qui se veut religieux, nous en oublions de regarder notre état en face. Nous croyons qu'il suffit de lui mettre une majuscule pour qu'il protège notre liberté. Sauf que la liberté n'est pas une affaire d'État, mais une affaire de volonté. Pas une volonté du peuple, mais une volonté tout court. La liberté n'est pas dans une majorité, quelle qu'elle soit, mais dans chaque résistant. Encore faudrait-il remarquer nos chaînes !
Le 15 janvier 2015, un attentat a frappé la rédaction d'un journal qui se réclamait de la liberté contre l'aliénation par les religions. En signe de solidarité, beaucoup ont déclaré: Je suis Charlie. Des jeunes dans les banlieux de Paris ont choqué leurs enseignants en se refusant à regretter la mort de ceux qui avaient fait Charlie. Ces enseignants n'avaient fait que suivre les ordres du gouvernement français en cherchant à tenir une minute de silence. Et voilà qu'ils étaient, dans leur propre classe, confrontés à l'aliénation islamiste pour qui le blasphème est passible de mort. Et pourtant ces jeunes sont moins le problème que des enseignants aliénés à une majorité. Et pas seulement si cette majorité se trouvait un jour être islamiste ou d'extrème droite.
La démocratie au sens strict de majorité a sa raison d'être. L'état n'est pas seulement là pour mener les guerres inévitées. Depuis l'industrialisation, il pourrait aussi être là pour assurer l'égalité devant le travail, pour venir à bout de l'aliénation par le travail. Mais s'il continue de se mêler d'éducation, il ne fera qu'engendrer au mieux des révoltés qui se trompent de cible, au pire des hypocrites qui n'offrent pas de cible.
La majorité ne peut enseigner. Toute éducation nationale est de l'indoctrinement. Et si l'école ne nous était pas restée en si mauvaise mémoire, nous regarderions mieux en arrière et finirions par admettre que les enseignants, là où ils nous ont vraiment touchés, c'était quand ils arrivaient à surmonter le fait d'être fonctionnaires. Ce dont les jeunes des banlieux ont besoin, ce sont des enseignants qui croient en eux et pas dans les programmes, même les mieux intentionnés. Et les jeunes des banlieux ne sont pas les seuls à avoir besoin d'enseignants de cette trempe là.
Les hommes naissent égaux, mais ils sont loin de naître libres. La liberté est une maladie contagieuse et seuls peuvent la transmettre ceux qui l'ont déjà attrapée. Pour enseigner la liberté, il faut commencer par se refuser à recevoir ordre de quiconque.
L'école laïque a mis fin à une soumission religieuse. Mais il lui a suffi d'une génération pour être en retard sur la liberté qu'elle avait semée. Nous avons continué à croire en elle alors qu'elle était devenue un instrument de soumission. Elle nous a appris à haïr les barbares, à rêver d'une revanche inutile - au point de contribuer au déclenchement d'une première guerre mondiale.
Aujourd'hui, nous en sommes toujours à penser qu'il suffit de tuer les barbares à temps pour éviter une prochaine guerre mondiale. Bien sûr, tout le monde préfèrerait avoir raison et imposer sa vérité à bon compte. Mais c'est le meilleur moyen pour se tromper dans ses comptes.
Mieux vaudrait se regarder dans le miroir de la menace islamiste et voir que notre liberté n'est qu'un leurre. Les rédactions qui ne sont plus sous les ordres de l'état sont pour la plupart vendues. Et même la rédaction de Charlie avait perdu son indépendance avant de se faire abattre. Que vaut un pays où un attentat arrive trop tard pour achever les derniers restes de liberté ? Si tous ceux qui, il y a bientôt un an, ont déclaré qu'ils étaient Charlie, ne s'étaient pas contentés de ce geste symbolique, mais s'étaient décidés à financer des rédactions pour les rendre indépendantes des audiences ou tirages, alors Charlie ne serait pas mort pour rien. Mais même Charlie faisait l'erreur de croire que l'école laïque pouvait nous sauver une deuxième fois.
Au lieu de partir en guerre contre l'islamisme, il serait temps de rattraper le siècle de retard que nous avons pris sur la liberté. Ce n'est pas ça qui mettra fin aux attentats. Mais cela nous aidera à venir à bout de la barbarie de nos propres instincts. Car islam ou pas, il n'y a pas de plus court chemin que de l'éducation nationale au front national.
Sylvain Coiplet
La peur, la haine nous font prendre l'islamisme pour la seule menace. Mais toute menace se nourrit d'autres menaces, de sa part de vérité et du mensonge qui ne menace pas que les islamistes, mais chacun de nous : se prendre pour la seule vérité.
Où est la part de vérité de l'islamisme ? C'est une vérité qui date, d'accord, mais elle se survivra d'autant plus qu'on la niera. Pour trouver cette part de vérité, il faut connaître l'histoire au moins assez pour s'imaginer ce qu'il serait devenu du monde arabe sans l'islam. Il y a de cela maintenant 1393 ans, la science arabe était en passe de développer cette technique qui a fait plus tard la suprématie de l'occident. Sans l'islam et son coup de fièvre religieuse, c'est cette science qui aurait pris le contrôle du monde, à une époque où rien n'aurait pu lui résister. Les islamistes actuels font souvent l'amalgame entre la technique et l'individualisme occidentaux. Et les milliards dépensés dans le monde pour la publicité, pour la manipulation de l'individualité, sont autant de tentatives de faire de cet amalgame une réalité. Mais sans l'islam d'alors, sans ce retour du monde à une barbarie relative, l'individualisme n'aurait pas eu le temps se développer comme il l'a fait les siècles suivants. La technique aurait depuis longtemps transformé les hommes en machine, sans n'avoir plus à dépenser un seul centime pour les manipuler.
C'est une erreur de croire que nous ne devons rien à l'islam. Mais l'erreur des islamistes est de croire qu'il puisse nous sauver une deuxième fois.
A trop avoir peur des islamistes, de leurs attentats et exécutions sommaires, de leur état qui se veut religieux, nous en oublions de regarder notre état en face. Nous croyons qu'il suffit de lui mettre une majuscule pour qu'il protège notre liberté. Sauf que la liberté n'est pas une affaire d'État, mais une affaire de volonté. Pas une volonté du peuple, mais une volonté tout court. La liberté n'est pas dans une majorité, quelle qu'elle soit, mais dans chaque résistant. Encore faudrait-il remarquer nos chaînes !
Le 15 janvier 2015, un attentat a frappé la rédaction d'un journal qui se réclamait de la liberté contre l'aliénation par les religions. En signe de solidarité, beaucoup ont déclaré: Je suis Charlie. Des jeunes dans les banlieux de Paris ont choqué leurs enseignants en se refusant à regretter la mort de ceux qui avaient fait Charlie. Ces enseignants n'avaient fait que suivre les ordres du gouvernement français en cherchant à tenir une minute de silence. Et voilà qu'ils étaient, dans leur propre classe, confrontés à l'aliénation islamiste pour qui le blasphème est passible de mort. Et pourtant ces jeunes sont moins le problème que des enseignants aliénés à une majorité. Et pas seulement si cette majorité se trouvait un jour être islamiste ou d'extrème droite.
La démocratie au sens strict de majorité a sa raison d'être. L'état n'est pas seulement là pour mener les guerres inévitées. Depuis l'industrialisation, il pourrait aussi être là pour assurer l'égalité devant le travail, pour venir à bout de l'aliénation par le travail. Mais s'il continue de se mêler d'éducation, il ne fera qu'engendrer au mieux des révoltés qui se trompent de cible, au pire des hypocrites qui n'offrent pas de cible.
La majorité ne peut enseigner. Toute éducation nationale est de l'indoctrinement. Et si l'école ne nous était pas restée en si mauvaise mémoire, nous regarderions mieux en arrière et finirions par admettre que les enseignants, là où ils nous ont vraiment touchés, c'était quand ils arrivaient à surmonter le fait d'être fonctionnaires. Ce dont les jeunes des banlieux ont besoin, ce sont des enseignants qui croient en eux et pas dans les programmes, même les mieux intentionnés. Et les jeunes des banlieux ne sont pas les seuls à avoir besoin d'enseignants de cette trempe là.
Les hommes naissent égaux, mais ils sont loin de naître libres. La liberté est une maladie contagieuse et seuls peuvent la transmettre ceux qui l'ont déjà attrapée. Pour enseigner la liberté, il faut commencer par se refuser à recevoir ordre de quiconque.
L'école laïque a mis fin à une soumission religieuse. Mais il lui a suffi d'une génération pour être en retard sur la liberté qu'elle avait semée. Nous avons continué à croire en elle alors qu'elle était devenue un instrument de soumission. Elle nous a appris à haïr les barbares, à rêver d'une revanche inutile - au point de contribuer au déclenchement d'une première guerre mondiale.
Aujourd'hui, nous en sommes toujours à penser qu'il suffit de tuer les barbares à temps pour éviter une prochaine guerre mondiale. Bien sûr, tout le monde préfèrerait avoir raison et imposer sa vérité à bon compte. Mais c'est le meilleur moyen pour se tromper dans ses comptes.
Mieux vaudrait se regarder dans le miroir de la menace islamiste et voir que notre liberté n'est qu'un leurre. Les rédactions qui ne sont plus sous les ordres de l'état sont pour la plupart vendues. Et même la rédaction de Charlie avait perdu son indépendance avant de se faire abattre. Que vaut un pays où un attentat arrive trop tard pour achever les derniers restes de liberté ? Si tous ceux qui, il y a bientôt un an, ont déclaré qu'ils étaient Charlie, ne s'étaient pas contentés de ce geste symbolique, mais s'étaient décidés à financer des rédactions pour les rendre indépendantes des audiences ou tirages, alors Charlie ne serait pas mort pour rien. Mais même Charlie faisait l'erreur de croire que l'école laïque pouvait nous sauver une deuxième fois.
Au lieu de partir en guerre contre l'islamisme, il serait temps de rattraper le siècle de retard que nous avons pris sur la liberté. Ce n'est pas ça qui mettra fin aux attentats. Mais cela nous aidera à venir à bout de la barbarie de nos propres instincts. Car islam ou pas, il n'y a pas de plus court chemin que de l'éducation nationale au front national.
Sylvain Coiplet
Dans le miroir de la menace islamiste